Dora « véritable surprise de la rentrée BD » par Jean Christophe Ogier pour France Info
Une Chronique à retrouver sur le site de France Info
Dora par Ignacio Minaverry est la première publication d’une nouvelle maison d’édition : l’Agrume
C’est aussi une jeune femme qui porte le roman graphique Dora. Nous allons faire connaissance de cette petite brune, au caractère secret, à la personnalité réservée, à Berlin, à la fin des années cinquante. Fille de déportés -son père est mort en camp, Dora travaille au service des archives de la Ville. Au fil des chapitres, nous la suivrons dans la France des années 60 où fleurissent villes nouvelles et municipalités communistes, puis en Argentine où les anciens nazis ont trouvé refuge pour échapper à la justice. Revendiquée, la dimension documentaire n’est jamais démonstrative, mais on est saisi par la richesse et la véracité des références à l’histoire contemporaine. Très lisible, le dessin, à la ligne claire quasi-géométrique, s’attarde sur les détails, les objets, les bâtiments. Et surtout, pour faire comprendre l’horrible efficacité de la solution finale, l’auteur a pris le parti de présenter, simplement, au fil du récit, l’organigramme d’un camp de concentration, un décret du commandant suprême de la Wehrmacht ou des extraits des rapports de la Waffen SS. Un jeune Argentin trentenaire, quasi-inconnu à ce jour de ce côté-ci de l’Atlantique, signe cette histoire, véritable surprise de la rentrée BD.